► Allard, J. - Feuillâtre, E. En grec et en français, Cours de langue grecque J. Allard et E. Feuillâtre, Librairie Hachette, 1947, 13 x 20, 144 pages, broché. Neuf. Réimpression de l'édition Hachette de 1947 en petites séries.
Imaginez un décor de théâtre, celui d'une tragédie classique ou d'un opéra : des colonnades, un temple, l'amorce de bâtiments royaux. Au premier plan évoluent des généraux, des orateurs, des rois ou des reines. Conflits de devoirs ou récits de combats constituent l'essentiel de leurs discours. De temps en temps, toutefois, dans le fond de la scène, une porte s'ouvre, une tenture s'écarte, et, l'espace d'un instant, c'est un spectacle bien différent qui apparaît au public : plus de palais, mais des taudis délabrés ; plus de rois ni de généraux, mais une population composite, à la fois misérable et dangereuse. Plus de récits épiques, de débats psychologiques, mais des plaintes et des grondements. Cette scène de théâtre où se jouent simultanément deux pièces si différentes, c'est le monde antique tel qu'il nous apparaît dans les seuls témoignages qui nous restent de lui. Nos études, les traditions littéraires et esthétiques, toute l'aventure intellectuelle de la plupart des pays occidentaux nous ont familiarisés avec le passé glorieux de l'Antiquité gréco-romaine. Mais que savons-nous de l'existence de ceux que l'obscurité-de leur condition a condamnés à l'anonymat, à la marginalité, à la misère, à la brutalité ? Les voici, hétaires de haut vol ou filles à matelots, gitons, hommes de main, gladiateurs, saisis dans la vie grouillante et mystérieuse des quartiers populaires d'Athènes, de Corinthe, d'Alexandrie ou de Rome. Issu de la violence, générateur de violence, le plaisir dans l'Antiquité n'existe que grâce à ces milliers d'individus exploités et ravalés au rang d'outils : les bas-fonds étonnants d'un monde où l'homme n'est exalté qu'au mépris de l'homme.