► Allard, J. - Feuillâtre, E. En grec et en français, Cours de langue grecque J. Allard et E. Feuillâtre, Librairie Hachette, 1947, 13 x 20, 144 pages, broché. Neuf. Réimpression de l'édition Hachette de 1947 en petites séries.
Si vous faites partie de celles et ceux qui pensent, comme Caton, que moins on comprend, plus on est prêt à faire confiance, et si vous préférez vivre dans une salutaire ignorance d’un vocabulaire médical anxiogène et globalement incompréhensible pour les profanes, passez votre chemin. Si, au contraire, vous pensez qu’il est important de bien comprendre pour participer à la discussion dans l’officine du médecin, voire vous aider à vous orienter dans le dédale du vocabulaire médical pour guérir vos maux ou rassurer un patient, la lecture des Mots grecs de la médecine vous fera non seulement comprendre, mémoriser mais surtout vous passionner pour la signification des pathologies comme des thérapeutiques ou des remèdes. Que vous vous destiniez à l’art de la médecine, que vous soyez médecin, patient ou encore féru d’étymologie, Guy Lacaze, éminent helléniste et malade impénitent, vous conduira, non sans humour, de l’histoire de la médecine grecque aux étymologies des mots du patient, de la maladie et du médecin, associant à chaque mot étudié la réalité médicale autant que linguistique. Ni dictionnaire médical, ni étude lexicale spécialisée, ce livre est écrit pour être lu de bout en bout, voire d’une traite. Rien de grave si vous ne possédez pas le grec ancien, vous aurez un regard nouveau sur plus d’un point : savez-vous que l’étymologie communément acceptée de l’épidémie repose sur une grave erreur d’interprétation, corrigée ici ? Que la rupture d’anévrisme, telle qu’elle est orthographiée dans les dictionnaires, ne permet pas de remonter jusqu’à l’étymologie authentique, qui n’a rien à voir avec le système nerveux, les névroses ou les névrites, mais bien plutôt avec l’idée d’élargissement (eurusma). Que nos mouvements d’humeur ne sont pas aussi anodins qu’ils en ont l’air et nous renvoient à la théorie hippocratique des humeurs, c’est-à-dire des fluides corporels – catégorie physiologique et non psychologique – qui vont et viennent dans notre organisme, etc. Alors que le vocabulaire médical est de plus en plus souvent convoqué au chevet des sociétés « malades », alors que chacun se précipite sur internet pour décrypter ses résultats médicaux, il est temps, et surtout instructif, de revenir au grec pour comprendre toutes les composantes de ce « gai savoir » qu’est l’art de dire du médecin.