Texte établi par Jean-Yves Guillaumin, traduit et commenté par Jean-Yves Guillaumin et Pierre Monat. Bilingue latin, français.
• Voici sans doute, par son sujet, sous les dehors austères d'une compilation de fiches diverses, un des grands livres des Étymologies, un des sommets de l'entreprise encyclopédique isidorienne. Car c'est bien un abrégé de théologie — moins développé, certes, que le premier livre des Sententiae avec lequel il a un certain nombre de passages parallèles — qu'entend ici présenter l'évêque de Séville. Et cela, sans doute, non sans une originalité certaine, qui se cache sous l’aspect documentaire du texte. Le classement hiérarchisé des notices impose un parcours qui va du plus haut au plus bas, du plus ancien au plus récent, de Dieu à l’homme contemporain en passant par les anges, les saints, les patriarches, les prophètes, les martyrs et la société ecclésiale : dans le manuel écrit par Isidore circule un invisible et mystérieux courant qui s’alimente à la pensée des Pères et qui, au delà de l’Histoire sainte, déroule sous nos yeux toute une fresque de l’histoire humaine. Après un groupe de livres initiaux qui traitaient des sciences consacrées par l’Antiquité (grammaire, rhétorique, dialectique, sciences mathématiques, médecine, droit…), les livres VI-VII-VIII (le VIII sera consacré à l’Eglise), vers la fin de la première décade des Étymologies, dispensent un enseignement qui touche de manière plus spécifique aux questions du christianisme, des textes et des représentations religieuses. La seconde décade reviendra à l’encyclopédie technique et scientifique (l’homme, les animaux, les pierres et les métaux, etc.). Les livres « religieux » occupent donc une position quasi centrale dans l’encyclopédie isidorienne, et le livre VII, en particulier, doit être comparé avec le livre I des Sententiae. Dans les Étymologies VII comme dans les Sententiae, Isidore assume la fonction d’enseignement qui incombe à sa charge d’évêque.