Le Principat d'Auguste représente l'une des plaques tournantes de l'histoire antique. La République Romaine, écrasée par le poids de son Empire, pouvait entraîner dans sa débâcle politique et morale la civilisation qu'elle avait édifiée en cinq siècles de patients efforts. Or Rome s'est ressaisie, elle a recentré son pouvoir politique, ressoudé un Empire menacé par les schismes et les ambitions rivales, répondu par un défi créateur aux pronostics de décadence : création d'un régime neuf, création d'un système des beaux-arts.
L'auteur a pensé que le moment était venu de faire une synthèse des recherches d'histoire politique et constitutionnelle et des travaux consacrés depuis plusieurs décennies aux grands noms du classicisme latin. La méthode a consisté de reprendre à la source tous les témoignages primaires, notamment les témoignages des écrivains sur le sens de l'époque. La poésie augustéenne a été scrutée dans sa double dimension, sociologique et esthétique. Spécialiste des idées morales de Rome, Jean-Marie André, Professeur à l'Université de Dijon, a cherché montrer que le classicisme latin est à la fois l'aboutissement de l'héritage culturel de la Grèce et le fruit de fécondes controverses esthétiques dans lesquelles le magistère romain se compose avec la réflexion sur l'Art. La peinture et la sculpture officielle, l'architecture, l'urbanisme, s'éclairent par l'esprit d'une époque mouvante en ses péripéties et stable en ses valeurs, dominée par la quête de la grandeur et par l'appétit de bonheur.
Soucieux d'offrir un panorama aussi complet que possible, l'auteur a donné la parole aux écrivains réputés mineurs, comme l'architecte Vitruve, ou le grec Denys d'Halicarnasse, aux contestataires de l'ordre romain, notamment le gaulois Trogue-Pompée. Dominé par de puissantes individualités, Octave-Auguste, Agrippa, Mécène, mais tributaire des pesanteurs sociologiques qui régiront le Haut Empire, le siècle d'Auguste porte en lui l'ordre provisoire et les désordres ultérieurs.