Guillaume de Conches est l’un des « intellectuels » majeurs du XIIe siècle, maître fameux lié à la non moins fameuse École de Chartres qui rayonna durant la « Renaissance du XIIe siècle ». Parmi une œuvre fournie, reposant sur la pratique de la glose, la Philosophia et le Dragmaticon sont deux ouvrages à visée encyclopédique. Cette première traduction complète de ces deux œuvres en français et en un seul volume permet d’avoir une vision d’ensemble de ce que put être un « encyclopédisme chartrain », plus particulièrement de la pensée de Guillaume et de son évolution.
Philosophia est une œuvre de jeunesse, écrite vers 1125, dans laquelle Guillaume de Conches met en place sa méthode. Ce traité aborde successivement la cause première des choses (Dieu, le monde, les éléments, les astres, création de l’homme), l’éther et les astres (mouvement, saisons), l’air et les phénomènes météorologiques (pluies, neiges, vents, marées), pour terminer par la terre et l’homme (conception, physiologie, vieillissement, âme). Soucieux de percer les secrets de la nature par un questionnement rationnel et une explication physique des causes de la création et du fonctionnement du monde et de l’homme, Guillaume de Conches est en butte à une accusation d’impiété mais il échappe au procès par ses rétractations sur les points litigieux.
Le Dragmaticon, publié sous forme de dialogue vers 1147-1149, traite des mêmes sujets mais intègre les rétractations de l’auteur tout en élargissant les analyses de la Philosophia. Il comporte six livres, en particulier y sont ajoutées comme source les Questions naturelles de Sénèque.