Testo, traduzione e commentario a cura di Anthos Ardizzoni.
• A qui s'occupe d'histoire des textes, la notion de choix est familière : on parle et on discute encore du choix des tragiques, au IIe siècle, sous les Antonins ; mille ans plus tard, les grammairiens byzantins du temps des Paléologues choisissent dans l'héritage classique un petit nombre d'œuvres, qu'ils éditent et commentent. Cette tradition, scolaire ou universitaire, subsiste de nos jours, et l'une de ses victimes favorites est Apollonius de Rhodes. Des quatre livres des Argonautiques, seul le troisième est jugé digne des programmes d'enseignement ; après l'édition commentée de Gillies, en 1928, voici celle de M. Anthos Ardizzoni ; elle a précédé de trois ans celle que vient de nous donner notre collègue M. Fr. Vian.
• L'édition de Gillies avait été jugée sévèrement, du point de vue critique, par H. Fränkel, qui devait publier l'année suivante une étude fondamentale sur les manuscrits des Argonautiques (NGG, 1929, 164-193). Celle de M. A. ne parait pas mériter ce reproche : fondée en principe sur le classement proposé par H. Fränkel, elle est la première, — depuis qu'en 1816 Ziegler a reconnu la valeur du Laurenlianus 32, 16 —, dans laquelle les leçons de ce manuscrit important soient données d'une manière systématique. Dans sa préface, l'éditeur met en valeur ces leçons et indique qu'elles confirment, à l'occasion, des conjectures de philologues (Henri Estienne, Brunck) ; trois pages du Laurenlianus, reproduites hors-texte, montrent que la lecture en est malaisée et font comprendre la réserve prudente des éditeurs des cent dernières années. L'introduction comporte la liste des manuscrits des Argonautiques, classés suivant les principes de H. Fränkel ; on y ajoutera le Vaticanus Barberinianus gr. 143, du XVe siècle (pourtant déjà connu de H. Fränkel [op. cit., p. 174 et 192]), et le Bodleianus Gr. class. d. 148, du XVe siècle, acquisition assez récente de la Bibliothèque Bodléienne (cf. M. Richard, Répertoire des bibliothèques et des catalogues de manuscrits grecs2, Paris, 1958, p. 180).Une double bibliographie (éditions, études critiques et exégétiques) achève l'introduction. On s'étonne de n'y voir pas figurer, à côté de l'édition des scholies, l'étude préliminaire de G. Wendel, Die Überlieferung der Scholien zu Apollonios von Rhodos (1932), qui apporte des précisions au classement proposé par H. Fränkel, ni le «Bericht», de H. Herter, paru en 1955 dans le tome 285 et final du Bursian, où M. A. aurait trouvé mentionnées la dissertation de L. Klein, Die Göttertechnik in den Argonautika des Apollonios Rhodios (Diss. Freiburg, 1931 = Philologus, t. 86 [193l], p. 18-51 et 215-257) et celle d'A. Svensson, Der Gebrauch des bestimmten Atlikels in der nachklassischen griechischen Epik (Lund, 1937), d'ailleurs utilisée plus loin, p. 128 ; l'étude ancienne de Rzach sur l'hiatus (Wiener Studien, t. 3 [1881], p. 43-67) méritait aussi d'être citée.
• La lecture du conspectus siglorum, qui précède l'édition critique, inspire quelque inquiétude sur la qualité de celle-ci. Dans la liste des papyrus est omis le P. Berlin 13248, du Ve siècle, qui contient III 1358-1364 et 1398-1406, et a été édité par A. Wifstrand dans Eranos, t. 30 (1932), p. 1-6. Les manuscrits médiévaux sont divisés en deux groupes : libri primarii (quatre témoins) et libri secundarii (dix témoins). On s'étonne de l'absence, parmi les premiers, de l'Ambrosianus B 26 sup., dont M. A. reconnaît (p. xxi), après H. Fränkel, qu'il est le modèle, direct ou indirect, de cinq de ses libri serundarii. Quant à la classe k, remontant à un prototype perdu des années 1280-1300, qui se trouvait en Crète dans la seconde moitié du XVe siècle, elle est représentée ici par une seule copie directe, le Parisinus gr. 2727, qualifié de liber primarius, et par quatre copies indirectes, toutes conservées à Paris, dont l'une a été transcrite sur le Parisinus lui-même. Le dernier des dix libri secundarii, le Vaticanus Palatinus gr. 150, semble être une copie de l'édition aldine de 1521. Bref, la contradiction est flagrante entre les principes critiques énoncés dans la préface, d'après H. Fränkel, et l'application qui en est faite dans l'édition, sans que W. A. ait jugé utile de préciser explicitement sa position. Le mérite certain que représente l'utilisation du Laurentianus 32, 16, est ainsi estompé par l'insuffisance de la rigueur critique, et la lecture de l'apparat, trop chargé, n'en est pas facilitée ; en réduisant non pas le nombre des leçons, mais celui des témoins qui les donnent, M. A. aurait pu disposer d'une place pour les testimonïa de la tradition indirecte, à laquelle il n'accorde qu'une attention insuffisante...
Irigoin Jean. 43. Apollonio Rodio. Le Argonautiche, libro III. Testo, traduzione e commentario a cura di Anthos Ardizzoni (Biblioteca di letterature classiche, 5). Bari, Adriatica Editrice [1958], Revue des Études Grecques, 1962, vol. 75, n° 354, pp. 298-300.