• Le tome IV (vol. 5) du Corpus rhetoricum hermogénien est consacré au deuxième des livres authentiques de ce corpus, le traité sur le style, venant après un traité sur les Progymnasmata, un traité sur les États de cause et un traité sur l'Invention. Le texte du traité sur Les catégories stylistiques du discours est accompagné ici, comme dans la tradition manuscrite, de Prolégomènes et de Synopses.
• La doctrine du style à laquelle se rattache l'exposé d'Hermogène est de tradition récente (IIe s. ap. J.-C.). Elle tire l'essentiel de sa matière des nombreuses monographies consacrées alors aux orateurs de l’époque classique. Cependant la structure qui organise la matière et qui permet de caractériser le style est héritée de l’ancienne théorie des vertus de la narration, qu’elle continue et amplifie. Les exposés de la nouvelle doctrine antérieurs à Hermogène sont représentés pour nous par les traités apocryphes attribués à Aelius Aristide (Arts rhétoriques I et II, édités aux Belles Lettres, Paris 2002) et consacrés au discours politique (orateurs dans les genres délibératif et judiciaire, représentés principalement par Démosthène) et au discours simple (autres prosateurs, représentés principalement par Xénophon).
• Plutôt que de parler de vertus, Hermogène parle de formes (ideai) du style. Il en compte vingt, sept principales et treize de second rang : clarté (pureté, netteté), grandeur (noblesse, rudesse, véhémence, éclat, vigueur, expansion), beauté, vivacité, éthos (naïveté, saveur, piquant, modération, sévérité), sincérité, habileté. Ces catégories du style elles-mêmes sont faites de sept composants : la pensée et le mode de sa présentation, et l’expression : mots, figures, côla, assemblage des mots, pause (et le rythme qui en découle). La caractérisation du style obtenue grâce à cette grille de référence est à deux fins : apprécier la qualité des textes et pouvoir soi-même produire de tels textes. Hermogène lui-même propose une application de sa méthode dans un dernier développement consacré aux styles individuels : il caractérise ainsi le style de Démosthène et des plus grands orateurs, de Platon et des plus grands prosateurs, notamment des historiens, d’Homère enfin. Le traité d’Hermogène est resté jusqu’à l’aube de l’époque moderne le livre de référence, avec celui de Quintilien, pour l’étude du style.
≡ Michel Patillon, helléniste et philologue, est un ancien directeur de recherches au CNRS. Outre qu’il a collaboré notamment à des travaux sur Platon, Alcidamas, Aristote, Porphyre, Diogène Laërce, il est spécialiste des traités de rhétorique de l’antiquité tardive. Il a déjà publié dans ce domaine, pour les Belles Lettres, les traités d’Aelius Théon (1997), Cassius Longin et Rufus (2001), Apsinès (2001), Pseudo-Aelius Aristide I et II (2002), Anonyme de Séguier (2005), et les quatre premiers volumes d’un corpus de rhétorique constitué au Ve s. (I 2008, II 2009, III 1ère et 2ème parties 2012).