► Allard, J. - Feuillâtre, E. En grec et en français, Cours de langue grecque J. Allard et E. Feuillâtre, Librairie Hachette, 1947, 13 x 20, 144 pages, broché. Neuf. Réimpression de l'édition Hachette de 1947 en petites séries.
Traduit de l'allemand et préface par Emmanuel Martineau.
Tenue dans l’oubli jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, diversement interprété au XIXe siècle par la critique romantique, l’hégélianisme, la première philosophie de Nietzsche et la philologie allemande, sollicitée au XXe siècle par la rhétorique de la « modernité tragique », la littérature de l’existence et la psychanalyse, l’œuvre sophocléenne peut-elle encore nous délivrer un savoir initial du phénomène du tragique ? L’homme moderne garde-t-il une chance, par-delà l’euripidisme du théâtre romain et de la tragédie française, par-delà le drame de Shakespeare, de Goethe, de Kleist, de s’ouvrir à ce que les Grecs nommèrent sobrement théâtre ? Sans doute, estime Reinhardt, à condition que l’étude de la poésie grecque comme science rigoureuse, la philologie, prenne conscience du dilemme ancien qui, parvenu à son extrême point d’acuité dans l’opposition de l’historicisme de la fin du siècle et de la « philologie de l’avenir » esquissée par Nietzsche, ne cesse de la séparer de la parole grecque et qu’elle s’efforce plutôt de répondre à l’exigence hölderlinienne d’une écoute, d’une traduction de la parole grecque. Féconder les méthodes scientifiques d’approche du texte par l’herméneutique présupposée par les Remarques de Hölderlin sur Œdipe et Antigone, c’est moins proposer à la science une nouvelle « grille interprétative », ou la menacer de l’écueil du « poétisme », que la convoquer devant sa propre tâche, la rigueur. C’est cette préoccupation d’« une percée effective vers les origines de l’homme grec » grâce à une traduction de – et devant – sa parole, qui procure son actualité intacte à ce Sophocle. Une analyse magistrale, épisode après épisode, des sept tragédies conservées de Sophocle, centrée sur la considération des formes stylistiques et dramaturgiques, est ici l’instrument d’une révision complète de la chronologie ainsi que d’une reconquête de la méditation par le poète d’un « rapport de l’homme à l’homme qui est d’abord et avant tout un rapport de l’homme au dieu ».