► Allard, J. - Feuillâtre, E. En grec et en français, Cours de langue grecque J. Allard et E. Feuillâtre, Librairie Hachette, 1947, 13 x 20, 144 pages, broché. Neuf. Réimpression de l'édition Hachette de 1947 en petites séries.
Antigone est la fille d'un roi maudit, Œdipe, et de la femme qu'il épousa sans savoir qu'elle était sa mère, Jocaste. La pièce qui porte son nom fut sans doute écrite vers 440 avant Jésus-Christ, avant Œdipe-roi. À l'aube où commence le drame, Thèbes est sortie d'une guerre très dure qui a vu s'affronter et mourir les deux frères d'Antigone, Étéocle et Polynice. Ils se sont tués l'un l'autre dans un combat singulier. Le premier défendait la ville sur laquelle il régnait, le second, Polynice, était l'assaillant. Le nouveau roi, Créon, oncle des enfants d'Œdipe, veut rompre avec le passé, en réinstaurant une loi fondée sur le civisme, Il interdit d'enterrer le corps de Polynice, bien qu'il soit fils d'Œdipe, parce qu'à ses yeux l'agresseur est toujours un criminel et doit être puni même dans la mort. Nous savons que l'Athènes de Sophocle a plus d'une fois prononcé l'interdiction de sépulture. Antigone n'accepte pas cette rupture. La décision de Créon a force de loi. Elle la brave, et va recouvrir de terre le corps gisant de son frère. C'est un acte outrecuidant. Elle y est poussée soit par la force du lien familial, soit par son attachement à la mémoire trahie d'Œdipe, soit par un désir de gloire qui l'amène à se battre comme un héros et comme un homme, soit par l'attrait irrépressible du refus, qui caractérise son personnage d'antagoniste et lui fait préférer la mort à la vie. Dans l'intrigue, et avec les indications que livre la pièce, Antigone se bat pour elle-même, pour la reconnaissance de son identité de fille et de femme. L'exclusion de Polynice outrage le nom de son père et nie sa qualité de fille ; elle lui enlève même Hémon, son amant, fils de Créon, en la privant de son lieu et de son origine. Pour se défendre, elle engage sa propre vie. Créon et Antigone se défient et s'obstinent. Leur acharnement devient un délire qui se nourrit de leur rage réciproque...