► Allard, J. - Feuillâtre, E. En grec et en français, Cours de langue grecque J. Allard et E. Feuillâtre, Librairie Hachette, 1947, 13 x 20, 144 pages, broché. Neuf. Réimpression de l'édition Hachette de 1947 en petites séries.
Introduction, traduction et commentaire par Sophie Van der Meeren.
« Il faut philosopher » : cette formule se rencontre en diverses œuvres de l'Antiquité destinées à exhorter un public à pratiquer la sagesse ou la philosophie, et, en particulier, dans certains des rares témoignages sur le « Protreptique » d'Aristote désormais perdu. Plusieurs philologues, à partir de la fin du XIXe siècle, crurent retrouver un vaste ensemble de « fragments » de celui-ci dans l'ouvrage homonyme du néoplatonicien Jamblique. Cette « découverte » déboucha sur de nombreux travaux autour de l'authenticité aristotélicienne des chapitres V à XII du livre de Jamblique, et sur différentes tentatives — au demeurant hypothétiques — pour « reconstruire » l'original aristotélicien. Le statut des extraits de Jamblique est paradoxal : si leur contenu correspond, en majorité, aux doctrines du corpus aristotélicien et semble formulé dans le cadre d'une exhortation, jamais, toutefois, l'auteur ne se réfère explicitement au Stagirite. La perspective du présent ouvrage tient compte de ce paradoxe : pour désigner l'ensemble comprenant les quelques témoignages et les rares citations de l'ouvrage aristotélicien extérieures à Jamblique, ainsi que les extraits de ce dernier, nous avons donc préféré au titre de « Protreptique » d'Aristote celui d’« Exhortations aristotéliciennes ». Cet appel à la prudence est aussi un moyen de déplacer l'intérêt de ces textes. Cet intérêt a été souvent grevé, en effet, par les questions de l'authenticité aristotélicienne, sans doute trop présentes, au détriment de ce que la traduction et le commentaire proposés dans cette édition veulent mettre en évidence : la richesse des réflexions sur le sens et la valeur de la philosophie développées dans ces extraits, source d'inspiration pour de nombreux auteurs de l'Antiquité plus tardive. L'introduction montre ainsi que la philosophie des « Exhortations aristotéliciennes » se situent au croisement de deux modèles conceptuels fondamentaux : elle est tantôt technique et science, tantôt accomplissement des facultés naturelles de l'homme. Ce qui explique aussi l'attention apportée, dans cette édition, à l'« argumentation » des « Exhortations » et aux questions rhétoriques, largement abordées dans une dernière partie de l'introduction.