La contrition parfaite, celle qu'inspire l'amour, efface les péchés ; la contrition imparfaite ou attrition qui procède de la crainte, dispose au pardon dans le sacrement de Pénitence. Tel est l'enseignement de l'Eglise, défini en la session XIV du Concile de Trente.
Jeune séminariste, j'entendis cette doctrine au sens de mes auteurs : jointe à l'absolution sacramentelle, l'attrition constitue la disposition suffisante et ultime à la grâce du pardon. Je n'y vis point de problème, jusqu'au jour où j'abordai saint Thomas. À première lecture, j'éprouvai qu'il n'est pas si aisé d'y retrouver notre attrition suffisante. J'entrevis aussila haute idée de la grâce — et du repentir — qui conmande sa théologie de la Pénitence : j'y trouvais une santé chrétienne et une plénitude qui sauvait saint Augustin sans accabler la faiblesse humaine. Avais-je donc méconnu le mystère de la Pénitence chrétienne ? Il fallait revoir mes sources.
L'essai du R. P. Périnelle (L'Attrition d'après le Concile de Trente et d'après saint Thomas d'Aquin, [Bibl. thomiste, X]. Le Saulchoir, Paris, Vrin 1917.) donne un précieux commencement historique et doctrinal de la session XIV. Il m'introduisit aux hésitations des théologiens — des thomistes aussi —, aux débats gui opposèrent Attritionnistes et Contritionnistes entre XVIe et XVIIe siècles. La solution de Billuart y déplie les ressources d'un heureux compromis. Un compromis pourtant : saint Thomas lu de près parait plus homogène à ses contemporains et à la tradition ancienne. Pourquoi cet hiatus entre XIIe et XVIIe siècles ? La notion d'attrition serait-elle équivoque ?