De Tibère, tyran lubrique retiré sur les falaises inaccessibles de Capri, à Domitien torturé par la hantise de l'assassinat, en passant par Caligula voulant nommer consul son cheval Incitatus, Claude gouverné comme un enfant par les affranchis et les femmes, Néron déclamant son poème sur la chute de Troie à la lueur du grand incendie de Rome ou Vitellius engloutissant des fortunes en festins colossaux, les clichés ne manquent pas pour faire des premiers Césars des malades atteints d’une folie du pouvoir pour laquelle on a même créé le mot de « césarite ».
Face à ces images entretenues par d’innombrables romans et films sont nés différents courants de réhabilitation, visant à laver les Césars de toute accusation de monstruosité, d’anormalité, ou même de tyrannie.
Régis F. Martin montre que ces deux interprétations opposées sont également mythiques. Pour cerner la réalité des Césars, il se fonde sur une cinquantaine d’auteurs anciens – la totalité des sources exploitables – tout en tenant compte des nouveaux courants de recherche émanant des philologues, des historiens de l’Antiquité et des historiens de la médecine.
L’enquête, qui dresse le portrait aussi bien physique que moral des Césars, réserve au lecteur de nombreuses surprises ; elle pose aussi le problème toujours actuel des rapports de l’homme et du pouvoir absolu.