Nous sommes en Amérique, au Brésil, dans le pays des pâmoisons et des démesures. Nous sommes aussi dans la terra incognita d’un roman monstre construit en 32 parties, chacune s’ouvrant sur un chapitre de la biographie inédite d’Athanase Kircher et flanqué de plusieurs récits qui s’entrecroisent et se succèdent sans liens apparents, celui d’Elaine en expédition dans la jungle découvrant une tribu vierge du monde depuis des siècles mais qui use du latin dans ses rituels, de Moéma la jeune fille suicidaire livrée à un affabulateur, du gouverneur diabolique de Maranao. Peu à peu, au fil d’aventures palpitantes qui se conjuguent à tous les temps, tandis que la biographie d’Athanase Kircher, le “maître des cents savoirs”, ancêtre de l’égyptologie et de la vulcanologie, inventeur du microscope et de la lanterne magique, géomètre qui calcula les dimensions de l’arche de Noé, de la tour de Babel ou du Temple de Salomon, linguiste polyglotte et astronome, grand voyageur devant l’éternel, se déroule de chapitre en chapitre, se dessine à nos yeux comme à nos esprits la figure impensable, pur joyau baroque, qui relierait fatalement la vie et les savoirs, la vérité et les fables, l’attente et le mystère, comme si l’univers entier – celui d’Eléazar von Wogau –, était en état précipité de big-bang dans ce roman fabuleusement audacieux et drôle. « Ce roman encyclopédique et mystificateur, truffé d’élucubrations picaresques, réjouit et fascine. C’est l’érudition au service du feuilleton universel. Umberto Eco revu par Indiana Jones chez Malcom Lowry, avec un zest d’African Queen et de Lévi-Strauss chez les Nambikwara. Non, les tropiques ne sont pas si tristes ! C’est jésuite jusqu’à la moelle, amazonien à coeur, bariolé de bifurcations débridées. Un caméléon de huit cents kilos. Une merveilleuse, une vertigineuse galaxie spirale de cette rentrée romanesque. » Patrick Grainville, LE FIGARO LITTERAIRE (Jeudi 21 août 2008)