Un livre après l'autre, un cri après l'autre. Emma Santos arpente les scènes où elle s'est laissée enfermer à son corps et à ses mots défendants. "Je voudrais tenter d'expliquer mon entrée en psychiatrie, huit années en psychiatrie en commettant les mêmes erreurs que les psychiatres, en chosifiant le malade, en me chosifiant, oublier le milieu qui m'entoure, c'est-à-dire l'amour qui a fui, mes romans, mon métier d'enseignante qui a déterminé le choix des médecins. Je sais que je ne parlerai que de l'amant qui m'a dévorée, que de la littérature qui m'a détruite... En 1971, j'ai publié mon premier livre toujours en " congé-folie ". J'ai marché depuis mon premier psychiatre. J'ai marché dans la psychiatrie en essayant de comprendre, en dévorant tous les livres. Le système de la folie, on sait à peu près comment ça commence. Bêtement par hasard, on s'approche, on entre et puis, ils font le reste. Ils se chargent de vous enfoncer. Comment ça finit, là je ne sais pas... Le médecin des corps a peur des mots et me rejette. Le médecin des mots néglige le corps et me rejette. Je suis seule... J'écris au lit avec une machine. J'ai définitivement perdu le corps. J'espère le retrouver par les mots... "