Le problème critique de l'élaboration d'une bonne théorie dynamique des formes n'a commencé à être résolu que vers la fin des années 1960 à travers un certain nombre de travaux cruciaux, en particulier ceux de René Thom. Étant donné les relations étroites existant entre le concept de forme et le concept de structure, un structuralisme dynamique a pu ainsi être fondé sur des bases solides. Unifiant des analyses théoriques et des études littéraires qui montrent à quel point la réflexion morphologique est cruciale chez nombre de grands penseurs et artistes, Morphologie et Esthétique explique comment le stucturalisme dynamique entre en résonance avec la philosophie et les arts. Il vise à montrer que de nombreux dispositifs esthétiques édifient une "montée" de la forme sensible vers l'idéalité du sens. La première partie se focalise sur la riche généalogie conduisant de la Critique de la faculté déjuger de Kant et de la Morphologie de Goethe, avec ses applications à l'art comme dans la célèbre analyse du Laocoon, jusqu'à des philosophes comme Peirce, Valéry, Husserl, Merleau-Ponty ou Eco et des savants comme D'Arcy Thompson, Turing, Thom, ou Lévi-Strauss. La seconde partie propose quatre études de cas, deux consacrées à Proust (l'une au fonctionnement de la phrase de Vinteuil dans Un Amour de Swann, l'autre à l'épisode des clochers de Martinville dans Du côté de Guermantes) et deux autres à Stendhal (l'une à la bataille de Waterloo dans ha Chartreuse de Parme, l'autre à la façon dont ce roman réécrit le mythe d'Eros et de Psyché). Tous les artistes et philosophes ici discutés sont traités comme d'authentiques savants. C'est leur apport théorique exceptionnel qui se trouve mis en lumière dans un hommage de la science à certains phares de l'art.