Textes réunis par Pascale Hummel et Frédéric Gabriel.
Au cours du XXe siècle s’est peu à peu superposée à la pratique philologique proprement dite une manie discursive faisant parfois de la philologie un prétexte à des jeux herméneutiques sans grand lien avec le but premier et authentique de cette discipline. Un tel constat invite à rappeler l’enjeu véritable, séculaire et inaliénable de la philologie, en définissant ce qui pour cette dernière correspond à un raisonnement juste, avec l’idée qu’une telle investigation permet de dégager les fondements épistémiques d’une bonne démonstration philologique et les éléments garantissant la vérité en madère de philologie. Si la vérité philologique peut être définie avec rigueur et clarté, il est possible également de se demander en quoi, à l’inverse, un raisonnement philologique peut être dit erroné ou faux. À partir d’exemples ou de cas précis liés à telle ou telle pratique (archéologie, épigraphie, ecdotique, papyrologie, exégèse, etc.), attachés à telle époque ou tel sujet, les contributeurs réunis par Pascale Hummel et Frédéric Gabriel analysent dans ce volume les éléments permettant de distinguer vérité et fausseté dans un raisonnement philologique. Ce livre est le troisième volet d’un triptyque, qui contient déjà La Mesure du savoir. Études sur l’appréciation et l’évaluation des savoirs (2007), et Les Débris du sens. Études sur les dérives de la perception et du sens (2008). Pascale Hummel est philologue, historienne de la philologie, et traductrice (de Lou Andreas-Salomé). Elle est responsable actuellement de plusieurs programmes de recherche sur l’enseignement du grec, ainsi que sur l’histoire de l’ignorance et de la transmission (institut national de recherche pédagogique). Ses travaux plus récents portent également sur l’histoire des idées, des lettres et des arts. Frédéric Gabriel, docteur en histoire de la philosophie, est chargé de recherche au CNRS, chargé de conférences à l’École pratique des hautes études (Paris), et précédemment Ahmanson-Getty Fellow de l’Université de Californie à Los Angeles. Ses recherches portent sur les XVI-XVIIe siècles, plus particulièrement sur la littérature politique, ecclésiologique et juridique, ainsi que sur l’histoire des religions. Il coordonne l’édition des œuvres complètes de Gabriel Naudé et de Jacques Gaffarel. Introduction générale, Pascale HUMMEL. La vérité philologique dans les débats sur la datation des textes bibliques, Jan JOOSTEN. Le procès en authenticité des Idylles VIII et IX de Théocrite : critique et hypercritique, Alain BLANCHARD. Équations philologiques ou de la difficulté de concevoir l’égalité politique (Antiquités romaines, VII, 64, 6), Stavroula KEFALLONITIS. Galien commentateur d’Hippocrate : de l’authenticité des traités hippocratiques, Véronique BOUDON-MILLOT. Le poète est mauvais, mais sans doute sincère : choix de problèmes posés par l’édition des textes du Codex des Visions, André HURST. Les gnostiques et la richesse de la langue copte : quelques remarques lexicales à propos de l’Apocryphon de Jean et de Melchisédek, Anna VAN DEN KERCHOVE. Critique textuelle et critique rédactionnelle au miroir d’Origène, Gilles DORIVAL. G. C. O’Ceallaigh et les Actes de Pilate, Rémi GOUNELLE. Les préjugés dans la recherche philologique : structures méconnues dans les poèmes des Anciens, Ludwig BERNAYS. Cohérence et efficacité selon le Didascalicon de Hugues de Saint-Victor, Xavier KIEFT. SOMMAIRE : Paracelse et le philologue en Minotaure borgne, Jean-Michel RIETSCH. Le Banquet raté : les méfaits de la Fureur philologique, Sébastien GALLAND. Alla scoperta della vera identità degli scritti ermetici : il contributo di Isaac Casaubon, Claudio MORESCHINI. Philologie et médecine au XVIe siècle : l’art de la conjecture médicale chez un éditeur de Galien, Agostino Gadaldini, Caroline PETIT. Pureté de l’origine, distance chronologique : sens pérenne et sens recomposé du texte biblique à l’âge classique, Frédéric GABRIEL. Johannes Clauberg et la lecture de Descartes d’après l’herméneutique du texte d’Aristote, Massimiliano SAVINI. Remarks on the art of conjecturing : Heinsius, Bentley, Housman (and Pasquali), Claudio DE STEFANI. Participe, gérondif, adjectif verbal : une trilogie douteuse, ou du mauvais usage d’un héritage, Teddy ARNAVIELLE. L’Antiquité classique comme territoire philologique : étapes d’une appropriation épistémologique et terminologique (XIXe-XXe siècles), Pascale HUMMEL.