Avant-propos inédit.
Eschyle le dit, il n'est pas le seul : Apollon est un dieu impur, exilé du ciel, un dieu plein de passions troubles. Ce qui ne l'empêche pas d'être le Maître des fondations, le Seigneur de l'Oracle, le Grand Exégète dans la cité de Platon. Comment les voies de la parole peuvent-elles recouper les chemins du couteau, donc la folie du meurtre ? La piste est toute tracée, en Grèce et en grec archaïque. Il suffit de la suivre, depuis le premier pas d'Apollon sur le sol de Délos jusqu'au bras armé du couteau sur l'horizon du Parnasse. Mais au prix d'une extrême attention portée aux détails et à toutes les données concrètes ; repérer les situations, les objets, les gestes ; savoir qu'en régime polythéiste un dieu, quel qu'il soit, est toujours au pluriel, c'est-à-dire articulé à d'autres puissances, pris dans des assemblages, dans des groupements de dieux, dans des configurations d'objets et de situations sans lesquelles il n'est rien, ou si peu. S'élabore ainsi une approche expérimentale du polythéisme, qui vise la confrontation entre polythéismes multiples, dans la matière et dans le style.