Morceaux choisis introduits, commentés et traduits du sanskrit par Marinette Dambuyant. Photographies et postface par Anthony Cerulli.
Celui qui ne sait pas garder le secret, ses affaires péricliteront à coup sûr, même si elles avaient d’abord réussi, comme un bateau désemparé sur l’océan. »
● Ce texte est le traité de politique par excellence de l’Inde ancienne. Son objet n’est pas de s’interroger sur la meilleure forme de gouvernement. Pour son auteur, la réponse à cette question est claire : le seul régime valable est la monarchie, le roi doit concentrer tous les pouvoirs et, sans un pouvoir fort, on tomberait dans la violence anarchique. Sur cette base, le texte est rédigé comme un manuel d’instruction princière : comment le souverain doit-il asseoir le pouvoir de l’État, comment doit-il réguler l’économie et comment doit-il se comporter en politique étrangère, avec ses alliés et ses ennemis ? Le titre sanskrit de cet ouvrage pourrait être traduit par « Traité du profit ».
● La politique occupe en effet la place essentielle dans la « science du profit » qui constitue, dans l’Inde classique, l’un des trois grands objets de l’activité humaine, les deux autres étant le devoir et le plaisir. L’Arthashatra, après des siècles d’oubli, n’a été redécouvert qu’en 1905 par Rudrapatna Shamasastry alors que ce chercheur effectuait le catalogage des manuscrits (sur feuilles de palmier) de la Mysore Oriental Library. Ceci pose la question des manuscrits et de la transmission du savoir en Inde, dont l’histoire est bien différente de la tradition occidentale. Pour donner quelques éléments de compréhension de ce contexte, l’ouvrage est illustré par les photos de manuscrits, d’archives et d’archivistes indiens réalisées par Anthony Cerulli dans le cadre de son projet « Manuscriptistan », ainsi que d’une notice présentant la tradition ecdotique indienne.